Mourir, dormir, rêver peut être parle de la mort, d’un aspect bien précis et particulier de la mort à travers celui du quotidien, du travail, des pensées de celles et ceux qui sont nos premiers interlocuteurs lorsque survient un décès, celles et ceux qui travaillent dans des entreprises de pompes funèbres. Comment, quand on est employé de pompes funèbres, se lève-t-on ? Comment est-ce qu’on rit ? Comment appréhende-t-on sa propre mort? Comment fait-on des projets, et quel est notre quotidien, notre travail ? Comment se prépare-t-on à cela ?
Comment est-ce qu’on discute d’argent ? Comment est-ce qu’on affronte le plus terrible, la mort d’un enfant, un suicide ? Comment reste-t-on soi-même ? Comment on touche ? Comment on regarde ses mains ensuite ? Comment on aime ? Comment on pense et invente son propre travail ? Et comment peut-on s’épanouir, et même être joyeux dans ce travail ? Le metteur en scène Denis Maillefer partira à la rencontre des femmes et des hommes qui font ce métier, endossera leur costume, recueillera des impressions et leur parole pour l’amener au théâtre.
Comédiens : Lola Giouse, Marie-Madeleine Pasquier, Cédric Leproust, Roland Vouilloz et Tilo Kübler
Figuration (en alternance) : Anne-Marie Gros, Djamila Rebzani, Sahar Suliman, Judith Desse, Sarah Frund et Nathalie Berseth
Texte et mise en scène : Denis Maillefer
Stagiaire assistante de mise en scène : Louison Ryser
Lumière : Laurent Junod assisté de Victor Hunziker
Régie : Victor Hunziker
Scénographie : les Ateliers du Colonel, Junod, Perret, Jaquier
Construction : Maxime Fontannaz
Musique: Michael Frei
Costumes: Isabelle Duffin
Son: Julien Mayor
Maquillage: Leticia Rochaix
Administration: Olivier Blättler
Coproductions : Théâtre en Flammes et Arsenic – Centre d’art scénique contemporain
Avec le soutien de l’Etat de Vaud, de la Ville de Lausanne, de la Loterie Romande, de Pro Helvetia, de la SSA, de la fondation Leenaards et de la fondation Ernst Göhner
Denis Maillefer, la vague et l’âme
Une humanité sensible, sincère, frémissante. Consciente de son insoutenable solitude, mais confiante aussi dans la puissance du lien. Quand on pense au travail de Denis Maillefer et du Théâtre en Flammes, fondé en 1987, on voit d’abord des décors. Des dispositifs clean sans être cliniques, vastes comme des écrans de cinéma, stylés comme des arènes contemporaines. Mais, très vite, ce sont les comédiens qui s’imposent. Yvette Théraulaz dans La Supplication, poignants témoignages des rescapés de Tchernobyl réunis par l’auteur biélo-russe Svletana Alexievitch que les acteurs relayaient dans les monumentaux ateliers mécaniques de Vevey. S’impose aussi Roland Vouilloz dans Je suis le mari de***, cri d’amour d’un petit monsieur à une femme chez qui tout était énorme. S’impose enfin Pierre-Isaïe Duc, le fidèle compagnon qui, dès Bérénice en 2000, apparaît dans plusieurs créations. Sa candeur désarmait dans Je vous ai apporté un disque, moment de théâtre insolite qui sollicitait la part cachée de chacun. Tandis que son côté terrien, ancré, permettait à L’Enfant éternel, récit d’un père orphelin, de ne pas chavirer. Pierre-Isaïe Duc est encore l’indispensable narrateur de Seule la mer, magnifique spectacle de Denis Maillefer d’après le roman d’Amos Oz. Des êtres isolés, à la dérive, flottent entre doutes et espoirs sur la crête de leur désir. Denis Maillefer aime les mots, il a fait résonner les paroles singulières d’Antoine Jaccoud, de Charles-Ferdinand Ramuz, de Philippe Forest, de Fausto Paravidino. Mais plus encore, Denis Maillefer aime ses comédiens. Avec lui, tous sont terriblement humains.
Marie-Pierre Genecand, mars 2015