C’est le début de sa douleur; elle n’en est même pas encore à la moitié.
Euripide

Fukushima permet-il de renouveler la lecture de Médée, mère infanticide? Le récit tragique peut-il éclairer une catastrophe nucléaire aux ravages latents? Est-il pertinent de remplacer le divin par le radioactif? Ces questions ont entrainé la Cie Jours Tranquilles dans un road movie atomique, de Corinthe à Fukushima, à la recherche de la Médée en nous. Entre la peur qu’attisent la rage et la douleur archaïques de la prêtresse du Soleil et la terreur sourde qu’engendre la radioactivité, c’est le spectacle de notre rapport aux forces invisibles qui se dessine ici. De ce cheminement est né un matériau narratif reflétant l’écartèlement entres pulsions dévastatrices et rationalisme ravageur. Du dénouement terrifiant des tragédies grecques à la fracture indélébile occasionnée par les tragédies nucléaires, la catastrophe est-elle vraiment cathartique – ou n’est-elle que le reflet de l’humain dans toute sa folie et son égarement? Un voyage engagé aux confins de l’humain.