J’ai eu l’heure d’une double rencontre avec Heiner Müller; une rencontre physique par une journée encigarée qui hante encore mon œil et ce qui s’y trame en caverne; une rencontre avec la parole à l’oeuvre dans le poème, dont il me plaît de retenir, j’allais dire retenir en première ligne, ce texte: Artaud la langue de la souffrance. Artaud est le cas sérieux. Il a arraché la littérature à la police, le théâtre à la médecine. Sous le soleil de la torture qui éclaire tous les continents de la planète, ses textes fleurissent. Lus sur les ruines de l’Europe, ils seront classiques. La poésie de Heiner Müller est faite de chair, faite de l’accouplement tragique de l’histoire et de l’Histoire… Sous le soleil de la torture qui éclaire tous les continents… Müller: classique?