Gianni Schneider
Les Brigands
Texte: Friederich Schiller.
Interprétation:
Lambert Bastar, Camillo de Cesare, Jean-Marie Daunas, Marco Facchino, Jean-Paul Favre, Hélène Firla, Jean-Charles Fontana, Jean Jenny, Darius Kethari, Alessandro Maestri, Anne-Maud Meyer, Valentin Rossier, Jean Schlegel, Pierre Spuhler.
Traduction et adaptation: Olivier Zuchuat. Scénographie: Jean-Luc Taillefert. Costumes: Anna Van Brée. Réalisation costumes: Dominique Chauvin, Christine Piqueray. Habilleuse: Elisabeth Marion-Veyran. Lumières: Jean-Pierre Potvliege. Musique: Jean Rochat. Régie générale et accessoires: Jean Jenny. Vidéo: Olivier Zuchuat. Photographe: Mario Del Curto. Construction: Ateliers du Théâtre de Vidy, Jean Corthesy.
Dans ce texte de jeunesse de Schiller, ce qui me fascine ce sont les thèmes de la destruction de la cellule familiale, du fatalisme de la loi des pères. Les personnages veulent faire de leur révolte une vraie révolution: mais les deux tentatives décrites, celles des deux frères ennemis Franz et Karl, n’aboutiront qu’à l’échec. Chacun à leur manière, ils tentent d’abattre leur père et, à travers lui, la figure de l’autorité politique. Franz pose clairement la question de l’héritage, du pouvoir et du déterminisme génétique: doit-on être redevable à celui qui nous a engendrés ? On peut aussi bien se consacrer à la haine… Karl, lui, incarne le retour du misanthrope; mais la misanthropie est très certainement une forme élevée de l’humanisme. Le misanthrope fustige avant tout la corruption de l’homme social. Dans Les brigands, nous sommes à l’aube de grands choix, incarnés par une jeunesse persuadée qu’il faut abattre les socles des pères, comme on a détruit récemment la statue de Lénine. Ces choix ont conduit la jeunesse décrite par Schiller vers deux pôles opposés: Kant et le bruit des bottes. En ce qui concerne notre génération, nous sommes aujourd’hui à l’aube du troisième millénaire, dans l’impossibilité de nous accomplir dans une société égarée: l’enthousiasme de la jeunesse ne sait plus vers quoi s’égarer… (Gianni Schneider)