Inès Mauricio
Chega de saudade
danse
- 45'
- F Recommandé aux malentendant·e·x·s
- B Accessible aux personnes à mobilité réduite
Chorégraphie et interprétation : Inès Mauricio
Collaboration artistique et création musicale : Mackenzy Bergile
Création lumière : Eduardo Abdala
Photographie et collaboration artistique : Neige Sanchez
Production déléguée : collectif FAIR-E / CCN de Rennes et de Bretagne, association subventionnée par le ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles / Bretagne), la Ville de Rennes, la Région Bretagne et le Département d’Ille-et-Vilaine
Coproductions: Arsenic - Centre d'art scénique contemporain, Lausanne.
Soutiens : Aide au projet - ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles / Bretagne et de l’Aide à l’accueil en résidence artistique – Ville de Rennes
Curation par Diana Akbulut
Avec « Chega de saudade» Inès Mauricio questionne sa filiation portugaise par le prisme de son récit familial en traversant les différentes postures héritées et transmises au fil des générations. Elle esquisse un portrait de la période coloniale salazariste en Angola en s’appuyant sur l’histoire de sa grand-mère, « Avò », qui a fait partie de ces portugais qui se sont installés en Angola à la recherche d’une posture sociale renouvelée.
Dans cette perspective, Inès dessine un portrait intime de son héritage familial, comme un album photo que l’on feuillette avec nostalgie. Et à mesure que l’on déroule ces images, on se retrouve presque dans la peau de ceux que l’on se remémore. On célèbre leurs réussites, on pleure leurs pertes. Mais en basculant de perspective, lui faudrait-il pleurer leurs réussites et célébrer leurs pertes? Comment trouver sa place entre la mémoire intime et la mémoire collective?
Inès Mauricio est une artiste protéiforme suisse-portugaise — performeuse, chorégraphe, photographe et DJ — dont la pratique performative articule corps, image et espace comme outils d’excavation de récits intimes, collectifs et sensoriels. Se jouant de la friction entre l’infra-ordinaire et le surréalisme, elle interroge les modes d’apparition du corps dans leurs dimensions à la fois situés, poreux et réflexifs. Son parcours s’ancre dans l’héritage des années 1970, à la croisée de la culture hip-hop émergente — comme langage corporel et espace de réappropriation en écho aux luttes raciales, sociales et urbaines — et de l’art conceptuel américain, où le corps devient medium, dispositif et matière critique d’une société dont la posture normative étouffe les besoins invisibles, silencieux ou inassignables des corps. Ses œuvres procèdent par glissements entre posture et geste, présence et retrait, opacité et transparence. À travers des dispositifs minimalistes — vidéos, photographies, performances in situ — elle construit une dramaturgie du presque rien, où le corps devient archive active, surface d’interférence entre langage conscient et mémoire incarnée. C’est par cette approche de l’archivage qu’elle déploie une volonté pédagogique, en explorant divers formats de transmission, ainsi que par l’écriture d’articles et d’éditions immersives dans le journal Regard Sur Le Geste, où elle inscrit la trace de sa pensée critique sur des sujets artistiques et sociétaux.